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LIONS CLUB PERTUIS

Actualités du club Pertuisien Lions Club de France.

Paul Grisolia remporte le concours d'éloquence de Pertuis

Paul Grisolia remporte le concours d'éloquence de Pertuis

« La liberté n’est pas l’absence d’engagement, mais la capacité de choisir »

Comme dirait le poète, « Liberté, j’écris ton nom ». Ou plutôt, aujourd’hui, en ce lieu, je dis ton nom. Liberté. Ces derniers jours, nous avons tous prononcé ce mot, ce beau mot – LIBERTE – Il orne le fronton de nos mairies, de nos plus belles institutions, LIBERTE, premier pilier de notre république. Ces derniers jours, nous avons invoqué ce nom : liberté d’expression, liberté de penser, liberté de culte. Mais, justement, de quoi la liberté est-elle le nom ?

Nous, lycéens, jeunes adolescents, on pourrait voir la liberté dans le dérèglement des sens, dans ce geste violent, total, absolu qui caractériserait l’entreprise d’un Rimbaud par exemple. Adolescent génial, celui de tous nos poètes qui a le mieux réussi à briser les chaînes qui entravaient la poésie française, Arthur Rimbaud décidera à 20 ans de partir, abandonnant tous ses engagements, ses amours tumultueuses, sa mère meurtrie et sa révolution poétique. Jusqu’à ses 37 ans, il choisira d’errer, vagabond, véritablement bohême. Mais était-il véritablement libre ? Oui, on pourrait croire qu’être libre, c’est simplement être dégagé de toute contrainte, rompre toutes les chaînes, briser les carcans des normes et vivre sans attache.

Être libre, ce pourrait bien être le pouvoir illimité de faire tout ce qu’on veut. Mais si ce que je veux, c’est voler au-dessus des immeubles, si ce que je veux c’est comprendre toute la physique quantique, si ce que je veux c’est d’être en mesure de démontrer un axiome indémontrable, suis-je moins libre parce que je n’y parviens pas ? Dans quelle mesure les limites de ma capacité d’agir sont-elles des bornes à ma liberté ? Ainsi, ce qui s’oppose à ma liberté n’est peut-être pas ce qui restreint ma capacité d’agir. Et l’on pourrait reprendre la définition que propose le philosophe Hobbes de la liberté : « un HOMME LIBRE est celui qui, s’agissant des choses que sa force et son intelligence lui permettent de faire, n’est pas empêché de faire celles qu’il a la volonté de faire. »

Si je veux être vraiment libre, je dois pouvoir faire tout ce que je désire dans la mesure de ma force et de mon intelligence. Mais l’on ne peut pas impunément voler, violer, tuer, selon son bon plaisir. Alors, évidemment, les lois peuvent apparaître comme un rempart à cette absolue liberté de l’individu en restreignant le champ de son action. Au risque de se voir privé de sa liberté de mouvement même, un individu doit se soumettre à la loi, aux lois. Notre liberté, finalement, se réduit comme peau de chagrin. Limité par nos capacités, nous le sommes aussi par les lois. Et finalement, nous serions encore moins libres dans l’état social qu’à l’état de nature. Le slogan des anarchistes n’est-il pas « la liberté ou la mort ? » Finalement, en régissant la société, les lois des hommes semblent bien réduire le champ de mes libertés individuelles. Mais dire cela, c’est oublier qu’en m’empêchant de nuire à mon voisin, la loi empêche aussi mon voisin de me nuire.

« La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de borne que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits». C’est en ces mots qu’est définie la liberté dans le préambule de notre constitution, dans la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

Alors, c’est sûr, la sécurité n’est pas la liberté. Mais elle est bien une condition suffisante sinon nécessaire de ma liberté en tant qu’individu. La loi, qui par nature restreint l’extension de ma liberté, devient alors la condition même de celle-ci. Presque de façon paradoxale, c’est la loi, elle-même, qui nous libère, en tant qu’individu dans la société, en tant qu’atome dans le grand corps social.

Evidemment, toute loi ne saurait libérer, c’est pourquoi il faut préserver la démocratie, telle qu’elle peut être définie par un Rousseau par exemple. Le contrat social permet de concilier lois et libertés individuelles puisque c’est le peuple alors qui se donne sa propre loi.

Là encore, que d’obstacles ! A quelle condition le peuple dans son ensemble peut-il se doter de loi ? Quelles sont les conditions à l’exercice par le peuple de sa liberté ? Justement, qu’il soit, d’abord et avant tout, libre. Et je quitte le champ de la politique ici : je m’explique, pour que l’on s’élève au-dessus de toute tyrannie, il faut d’abord oser penser par soi-même. Et la première des libertés et non la moindre, c’est la liberté de penser. Finalement, la liberté ne saurait être définie autrement que dans le fabuleux projet des Lumières. Sapere Aude : Aie le courage de penser par toi-même, de te servir de ton entendement. Cette sortie de l’état de minorité, de l’état de tutelle où l’homme ne saurait être libre nécessite le recours à la raison. Mais la raison, c’est comme un champ fertile : elle ne produira rien si on ne la cultive pas. Ou pour faire un clin d’œil à une référence plus contemporaine, j’évoquerais ces mots du groupe Cat Power : « We can all be free, maybe not with words, maybe not with a look but with your mind » On peut tous être libre peut-être pas avec les mots, peut-être pas avec notre style mais avec ton esprit » et cela est en soi, libérateur et plein d’espoir. C’est également une injonction à tous ceux qui peuvent transmettre les savoirs, qui peuvent enrichir les esprits, qui les cultivent véritablement. La liberté de penser est à la source de la démocratie, à la source de toutes nos libertés individuelles et collectives. C’est pour cela qu’elle est un bien précieux qu’il faut protéger, chérir et surtout exercer. Puisque finalement, et je finirai sur les mots de Rousseau, un autre grand philosophe : « L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. »

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